jeudi 8 mai 2008

les fausses idées reçues sur Zeev Jabotinsky.


Jabotinsky se serait rapproché du Parti fasciste italien et aurait pris Mussolini comme modèle ? C’est ce qu’on dit. Je crois que c’est exagéré, mais supposons que ce soit vrai. D’abord, Jabotinsky n’était pas italien que je sache. Par conséquent, son objectif n’était pas de se mêler de la politique intérieure d’un pays dont il n’était même pas ressortissant. Alors que dans le débat qui nous anime, nous délibérons sur la relation que les juifs sionistes pourraient entretenir ou ne pas entretenir avec le FN français. Mon approche que je crois nationale juive consiste à dire qu’en tant que sionistes, on n’a strictement rien à voir non seulement avec le FN, mais avec aucune formation politique française. Je ne vais pas revenir sur les détails déjà exposés dans ma réaction sur le site de la LDJ à l’article « Front national et LDJ


A titre strictement personnel, je considère que le FN est une abomination. C’est un fait incontestable que nous sommes en guerre sans merci avec le monde arabo-musulman qui ne nous ne reconnaît aucune légitimité nationale sur notre Terre. Le FN de son côté s’oppose à la montée de l’Islam en France. Ce n’est pas pour autant que cela fait de ces héritiers du pétainisme des personnes « cachères » et fréquentables pour les sionistes.

Quant à Zeev Jabotinsky, z‘l (décédé prématurément en 1940), comme tous les leaders des mouvements sionistes avant la création de l’Etat d’Israël et avant la Shoah, il a cherché à tâtonner auprès des grands dirigeants politiques de l’époque pour promouvoir les intérêts du Mouvement sioniste. Les intérêts du Sionisme pour Jabotinsky, ce n’était pas des avantages pour un ambitieux affairiste politique sioniste, mais la survie physique concrète et immédiate des juifs. Jabotinsky pressentait dès le début des années 30 qu’un grand danger guettait les juifs d’Europe. Il sonna la sonnette d’alarme du cataclysme approchant. Cela lui a valu pas mal de misères de la part des dirigeants juifs et même sionistes qui l’ont accusé de "sioniste catastrophique".







Jabotinsky, aurait il été inspiré politiquement par Mussolini ? Personnellement, j’ai tendance à penser que non.
Dans sa vision politique de ce que devrait être le caractère du futur Etat d’Israël, il élabora une intéressante synthèse de démocratie libérale et de socialisme bien avant l’heure. Il n’y a rien là qui puisse présumer d’une attirance aux thèses totalitaires fascistes. Il est vrai que d’autre part, Jabotinsky suggèra que les juifs s’organisent dans des cadres paramilitaires pour prévenir aux dangers qui les guettaient, si c’est à cela qu’on attribue l’affinité avec le fascisme italien?
Cette organisation paramilitaire a été source de bénédiction et salutaire. C’est cette structure qui a permis de créer le noyau de la résistance clandestine contre les anglais et la révolte dans les ghettos d’Europe où le rôle du Bétar a été essentiel pour faire couler le sang nazi. Ca, il faut le signaler.














Il est arrivé à tous les plus grands dirigeants du Peuple d'Israel de se tromper. Moshé Rabenou et le Roi Salomon, le plus sage de hommes passent au crible de la critique par la Torah. Les autres dirigeants sionistes proches du socialisme qui étaient de grands hommes, eux aussi se sont trompés de façon gigantesque sur pas mal de points. Les gens de la gauche sioniste ont indéniablement d’énormes mérites. Il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître, même s’ils se sont déshonorés honteusement en collaborant avec les britanniques et lors de l'affaire de l'Altalena. Ces gens-là ont été proches du stalinisme de façon déclarée. Ils se sont identifiés avec le parti communiste soviétique, avec le totalitarisme rouge, au moment même où des millions de juifs coincés en URSS faisaient l’objet d’une oppression effroyable. Des milliers de juifs furent sommairement exécutés par Staline et pendant ce temps en Israël, des membres du Hashomer Hatsaïr, le fer de lance du mouvement des kibboutzim, d’authentiques sionistes pionniers à cette époque, étaient des staliniens zélés et obtus. Il a fallu les révélations après la mort de Staline pour qu’ils virent leur cuti. Et encore, les scories se font ressentir jusqu’à aujourd’hui avec l’avatar Shalom Akhshav qui est un bâtard de l’union illégitime du totalitarisme rouge édulcoré d’une part et de l’hédonisme procédant de la société libérale d’abondance d’autre part. Le dénominateur commun unissant ces deux « parents » incestueux étant la volonté de stériliser le caractère juif hébraïque du destin national d’Israël.
Le sionisme s’est politiquement cherché. Il était en quête de modèles pour la société nouvelle en gestation dans le Yshouv avant 1948. Jabotinsky ne déroge pas à cela. Jabotinsky, à mon sens, a été le plus grand de tous, malgré qu’il se soit trompé fatalement sur certains nombres de points. On a le beau rôle aujourd’hui parce que 70 ans plus tard, il nous est facile de désigner du doigt les erreurs passées.
On doit à Jabotinsky la doctrine du "mur de fer" : il prévoyait que le futur Etat d’Israël allait faire l’objet d’un faisceau d’attaques de toute part et pour longtemps.

Les autres sionistes d’extrême gauche et du centre gauche étaient plus ou moins utopistes dans leur quête pacifiste avant l'établissement de l'Etat d'Israel. Ils considéraient que l’impérialisme des grandes puissances avait exacerbé le nationalisme arabe contre le sionisme. Ce qui était absolument vrai pour la Grande Bretagne avec sa politique cynique au Proche Orient promue par des personnages douteux comme le major T.E. Lawrence, plus connu comme Laurence d'Arabie. Les sionistes de gauche pensaient qu’une fois les britanniques repartis sur leurs îles, les arabes prendraient conscience du progrès et du bien être que les sionistes allaient drainer dans la région. On aurait certes quelques problèmes mais grosso modo et avec un peu de patience, on pourrait s’arranger avec le monde arabe décolonisé. Même aujourd’hui, ils continuent à entretenir artificiellement ces mythes en dépit de la réalité qui leur a donné systématiquement tord ces 60 dernières années. C’est ça la force de la foie aveugle et paganisante, alors que ces mêmes personnages se gargarisent de pragmatisme et rationnalité ! En fin de compte, l’affrontement avec le monde arabe a été et est toujours implacable. l’Histoire a donné raison à Jabotinsky.

Par contre, là où Jabotinsky n'a pas été clairvoyant, c’est dans sa théorie concernant les arabes qui vivent avec nous dans l’Etat d’Israël. Jabotinsky prônait de leur octroyer tous les droits et que par là même, le caractère hostile, inhérent à leur appartenance ethnique commune avec les états arabes ennemis, s’estomperait, une fois qu’ils seraient confrontés aux vertus de la démocratie israélienne et de la société juive éclairée.

De nos jours, les arabes israéliens jouissent des mêmes droits que les juifs israéliens et c’est tout le contraire qui se passe. Jabotinsky s’est totalement fourvoyé là-dessus. Les plus favorisés parmi les arabes israéliens sont les plus virulents. Leur hostilité et haine viscérale s’expriment ouvertement et avec hargne. On ne compte plus les cellules terroristes ou de renseignement en faveur de l’ennemi au sein des arabes israéliens.


Un Bétari qui a connu personnellement Jabotinsky. Lors d’un séjour aux Etats Unis, Jabotinsky avait été l’hôte dans la maison de son père, un rabbin orthodoxe de Brooklyn qui soutenait activement le mouvement sioniste. Les autres rabbins orthodoxes étaient dubitatifs quant au sionisme. Ce rabbin, un grand érudit, se nommait Shraga Kahana, père du petit Méir qui allait devenir à la fin des années 60 le fondateur de la Jewish Defense League et du mouvement Kach en Israël après son Alyah en 1971. Le Rabbin Méir Kahana, ancien Bétari d’âme et de coeur, allait réparer cette lacune dans l’idéologie de Jabotinsky. Il avait compris que les arabes d’Israël ne se résoudraient jamais à vivre dans un pays se définissant comme Etat juif, même en tant que minorité nationale jouissant de pleine égalité des droits (pas des devoirs, parce que les arabes d’Israël ne sont pas tenus de faire leur service militaire et donc de verser leur sang au combat pour le pays dont ils sont citoyens) Ca, Jabotinsky ne l’avait pas prévu. Par contre, certains idéologues de la gauche sioniste même stalinienne avaient entrevu cela.



Par exemple, Berl Katsnelson, un des penseurs de la gauche Bengourioniste, avait écrit dès 1940, de façon très diffuse il est vrai, sur la nécessité de transférer les arabes d’Israël vers les pays arabes. Aujourd’hui, on cache cela. En fin de compte, Jabotinsky était plus tolérant envers les arabes que certains dirigeants de la gauche et pourtant ces derniers l’ont taxé de fasciste, et de tous les noms. Comme je disais ultérieurement, chez nous les juifs, on n’en est pas à un paradoxe près.

5 commentaires:

Unknown a dit…

Brillant !Bravo

Patrick Ayache

Meir Dukhan a dit…

Excellent. Continuer.

-- Meir D.

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…

Je n'ai pas lu toute l'oeuvre de Jabotinsky mais pour ce que je sais de lui, il n'était pas du tout socialiste, par contre, il était pour l'existence des syndicats. C'était un libéral dans le sens européen.

Concernant les arabes, il n'était pas forcémment naïf. Dans les années 30 la guerre à mort contre les arabes n'était pas encore inéluctable car les radicaux n'avaient pas pris le dessus.

La force principale de Jabotinsky est qu'il avait une vision israélienne des faits et pas une vision européenne contrairement aux socialistes. Les avodistes sont encore européanisés c'est pour ça qu'ils sont pollués par le bolchévisme.

Les Etats-Unis sont un succès car leurs pères fondateurs avaient un projet qui était en rupture avec l'Europe. Israël a connu et connait des problèmes car les fondateurs socialistes n'ont pas voulu rompre avec la pensée européenne. L'Europe meurt et elle pollue Israël par leur intermédiaire.

Bravo pour l'article en tout cas.

Anonyme a dit…

People should read this.