mardi 20 septembre 2011

Les médias vus par les journalistes

C'est mon interview parue dans le P’tit hebdo d'aujourd'hui, le 15 septembre. Pour des contingences de volume, elle a été coupée. Voilà la version complète.

1) Comment définissez-vous la fonction de journaliste ? Se doit-il d'être objectif?

Je ne connais aucune manière objective de parler de ce dont nous vivons ici si ce n’est par une attitude de sincérité de conscience hébraïque. A tort, on serait tenté de reléguer cela à un sectarisme juif. Or le message de l’hébraïsme véhiculé par la Bible est le fondement même de la civilisation dite moderne, que ce soit en Orient et en Occident par le truchement de ces deux grands blocs que sont le christianisme et l’islam. C’est la plus vile absurdité que de soutenir que l’identité d’Israël qui a conservé et véhiculé ce message de la Bible serait un sectarisme quand elle réintègre son sol national. C’est pour cela que nous écrivons, pour en parler de l’intérieur, pour rétablir cette Vérité universelle et immuable que les Juifs, sur toute la Terre d’Israël, sont dans la légitimité la plus absolue, en tant que peuple lié à sa Terre, une légitimité comme aucune nation au monde ne peut l’attester pour elle-même. Le reste, c’est notre vision et nos analyses de l’actualité locale et mondiale procédant de ce fondement premier d’identité juive contenu dans le premier verset du Livre de la Genèse, tel que l’établit l’exégèse de Rachi.

2) Trouvez-vous la presse et le public francophone israéliens paranoïaques en ce qui concerne le traitement de l'information par les médias français non-juifs ?

Le public juif n’est pas paranoïaque du tout dans son jugement des médias français. J’admire la tolérance et la patience de mes frères juifs, même et surtout quand ils critiquent les médias français. En effet, la pathologie de la presse française et internationale est un amalgame de vices, de mauvaise foi et de de maladies psychiatriques dont il serait difficile d’établir la liste exhaustive. Si déjà, on parle de parano, elle est structurelle chez les médias français qui, dans un sérieux de monastère trappiste, voudraient faire croire que le moindre incident ici provoque des séismes à l’échelle planétaire. Et cette parano n’est qu’une infime partie parmi les tares de cette presse et des énergumènes qui en reçoivent leurs salaires. Au final, les Juifs ont beaucoup d’indulgence, il faut le reconnaitre. Regardez M. Philippe Karsenty qui est persuadé que France 2 fera techouva et reconnaitra sa faute. Il faut beaucoup de mansuétude vis-à-vis de cette presse pour nourrir de tels espoirs. D’autre part, je n’insinue pas du tout que les médias français soient antisémites, je ne le crois pas, mais c’est pire.

3) Pensez-vous que l'opinion de droite manque d'organes de presse en Israël ?

Je ne sais pas ce qu’est l’opinion de droite. Je crois qu’il y a suffisamment d’organes de presse de toute tendance depuis la révolution de l’internet. Cela a permis de casser le monolithisme de la presse traditionnelle disposant d’énormes moyens. Aujourd’hui, tout un chacun peut apprendre en quoi la couverture de l’AFP, par exemple, est systématiquement biaisée. Le fait que des radios juives continuent malgré cela à être abonnées aux dépêches de l’AFP, c’est tragicomique, mais c’est déjà un autre sujet. Il faut rappeler qu’au site Israël7, nous sommes le premier organe de presse online francophone d’Israël. Dans les années 90, nous étions la section française d’Aroutz7, la seconde station de radio pour les Olim de France après Kol Israël en français. Depuis, pour pouvoir détruire Goush Katif sans trop de protestation sur les ondes, Sharon a fait fermer la radio d’Aroutz7 et nous avons bifurqué sur l’internet avant la plupart des sites d’information israéliens et juifs qui se sont multipliés depuis.

4) Qu'est-ce qui fait l'originalité du regard d'un journaliste francophone sur l'actualité israélienne ?

L’originalité d’un journaliste originaire de France comme moi-même, c’est qu’il est plus à même de mesurer l’abime, le trou noir dans lequel le discours médiatique et politique français sur Israël s’est enfoncé depuis plusieurs décennies, à un point que je ne crois pas qu’il y ait remède à cela.

5) Quel est le sujet le plus passionnant que vous avez traité cette année ?

Tous les sujets que j’ai abordés sont passionnants et il y en a tellement ici. On en est gavé.

6) Israël 7 défend des positions très à droite concernant l'actualité israélienne. Pensez-vous représenter une majorité des lecteurs francophones ?

Cela arrive mais c’est rare que nous soyons décriés. Il me semble que nous sommes appréciés parce que nous nous exprimons avec sincérité sans chercher à faire des circonvolutions et sans langue de bois. Pour nous, il n’y a pas « d’Autorité palestinienne », il y a une entité terroriste arabe qui a envahi indument des zones de la Terre d’Israël et cherche à nous exterminer. On ne dit pas «Abbas, président de l’AP », mais « Mahmoud Abbas, le docteur ès négation de la Shoah ». Nous parlons vrai. D’ailleurs, de nombreux internautes de notre site proviennent de pays où il n’y a pas de Juifs comme les pays arabes et d’Afrique.

mercredi 23 mars 2011

Ici, on est venu exterminer des Juifs


Mardi 23 mars 2011, je reviens à l'instant de l'endroit de l'attentat à Binyanei Haouma à l’entrée Ouest de Jérusalem. Les policiers étaient hystériques craignant les protestations et la colère des Hiérosolomytains. En effet, deux à trois mille personnes sont sur les lieux. Pour la plupart des jeunes. Ils sentent qu’une nouvelle offensive de terrorisme de grande échelle a commencé depuis le massacre de la famille Fogel et les tirs de missiles Graad sur Beer-Sheva et dans le Sud du pays.


Je me suis fait jeter par un flic alors que je posais des questions à des ambulanciers et à des employés de la mairie. Tout ça parce que je n'avais pas sur moi ma carte de presse à lui montrer. Il m'a lancé : « tu te fais passer pour un journaliste ». Je lui ai rétorqué que je voulais voir sa carte de policier, lui expliquant que tout un chacun pouvait s’acheter un uniforme. Je lui ai alors dit : « on vient de descendre des Juifs ici et tout ce que vous trouvez de mieux à faire, c’est d'être sourcilleux avec un journaliste sioniste d’Aroutz 7 en français parce qu’il n’a pas sa carte? », en lui indiquant les équipes de télévision étrangères comme France 2 qui s’introduisent là où elles veulent sans qu’on leur demande leur carte et qui, systématiquement cassent du sucre sur le dos d'Israël.


Sur place, tout a déjà été nettoyé en à peine deux heures. "Circulez, il n'y a plus rien à voir! Les flics demandent à la foule de rentrer à la maison. Quelques jeunes ultra-orthodoxes crient : « Mort aux Arabes ». Les gens qui semblent résignés devant les attentats parlent entre eux et sont unanimes à dire : « On ne peut pas laisser les attentats recommencer. Ça peut arriver partout, à tout moment, à n’importe qui. Il faut virer les Arabes »


Au même moment ou le nettoyage prend fin, on nous annonce qu'une dame de 74 ans vient de succomber à ses blessures. Le sang se glace. Les machoires se serrent. Cinquante et une personnes blessées ont été évacuées dans les hôpitaux de la ville préparés pour ce genre de scénario, ô combien connu.


En revenant à pied jusqu'au centre de Jérusalem pour prendre mes affaires laissées au bureau, je vois que la ville s'est vidée. Un silence pesant y règne. Mon portable sonne. C’est Elishéva. Elle me dit : « On ne peut laisser les choses comme cela, comme si cet attentat n'était qu'un accident de la circulation. » Je ne peux qu’acquiescer à ce qu’elle suggère: « Méir, il faut badigeonner à la peinture rouge l'endroit pour qu'on se souvienne: ici, on est venu exterminer des Juifs!!"


Méir Ben-Hayoun

jeudi 24 février 2011

Des Juifs s’enthousiasment pour les insurgés arabes. Est-ce une blague ?


Des Juifs s’enthousiasment pour les insurgés arabes. Est-ce une blague ?


Y aurait-il quelque chose d’irrémédiablement (très diablement) défectueux chez nous les Juifs? Pardon ! Erreur de formulation majeure de ma part, je devrai dire, chez certains Juifs.

Le monde arabe est en ébullition. Les masses se rebellent et certains de nos frères et de nos sœurs, se précipitent à n’y voir que des aspirations nobles à la liberté, à la démocratie et à je ne sais quoi d’autre romantisme. Dans une attitude fleur bleue d’inconscience, ils n’attendent même pas d’entendre de la part de ces éléments insurgés un appel à la réconciliation avec le peuple juif et à la reconnaissance de nos droits absolus et inaliénables sur la Terre d’Israël, que déjà, ils se passionnent pour eux, qu’ils les encensent des meilleures résolutions au monde.

Pire, ces Arabes en rébellion accusent leurs despotes de « sionistes », voire de « Juifs ». Et nos frères juifs ne veulent pas entendre, ne veulent pas voir. A contrario des trois singes qui eux, au moins se taisent, ces Juifs l’ouvrent pour louer leurs ennemis jurés qui ne feraient d’eux qu’une bouchée, sans que leurs oreilles n’entendent ce que disent leurs bouches.
Par exemple, au Caire, à Tunis, et à Benghazi, lors des manifestations houleuses, on a vu des effigies des dictateurs arabes avec des Maguen David sur le front et la foule en délire reprenant en cœur et à tue-tête « A bas Ben-Ali/Moubarak/Khadafi, à bas Israël, à bas l’Amérique ». L’antisémitisme a été un thème central des manifestations « d’aspiration à la liberté » en Egypte. Idem en Algérie ou au Yémen où les « démocrates » manifestant n’oublient surtout pas, comme si cela avait quelque chose à voir, de parler des droits du peuple « palestinien » et du sionisme comme le mal absolu, et ceci faisant corps avec leur besoin de « changement » et de se débarrasser de leurs chaines. Et le BHL, grand défenseur d’Israël s’il en est, prend fait et cause pour ces insurgés arabes qui ne cachent pas leur aversion au sionisme et à Israël.

Mais si ces citoyens des pays Arabes, les insurgés comme les tyrans, ont en commun la même hostilité bestiale envers le sionisme et Israël, le même antisémitisme sauvage qu’ils partagent, qu’est-ce que ça peut nous faire s’ils se détruisent, s’ils s’entretuent ? En général ces foules brulent le drapeau d’Israël et vocifèrent leur désir de voir l’Etat juif exterminé. Et maintenant, ces mêmes masses anti israéliennes et antisémites en délire veulent tuer leurs dirigeants, ou bien, se font tuer par leurs dirigeants non moins antisémites et non moins anti israéliens. Qu’est-ce qu’on peut demander de mieux ?

Va-t-on, comme BHL, se prendre d’affection pour ces aspirations à la « liberté » quand celles-ci sont indissociablement liées à un antisémitisme des plus virulents et à la haine d’Israël en Tunisie, en Libye, en Algérie, en Egypte, au Yémen, et même en Iran?


Méir Ben-Hayoun

dimanche 31 octobre 2010


Pourquoi j’ai participé à la « provocation »


Par Michaël Ben-Ari (député à la Knesset du parti Ihoud Léoumi), paru dans l’hebdomadaire israélien Makor Rishon le 29.10.10

Traduit de l’hébreu par Méir Ben-Hayoun


C’est avec pas mal d’hésitation que j’ai décidé de me rendre mercredi 27 octobre pour la marche à Oum-El-Fahm. En effet, il était prévisible que les chevaliers de la liberté d’expression, les fervents partisans de la « gay parade » ou des « femmes du Kotel » nous attaqueraient sans vergogne et qualifieraient notre protestation de « provocation ». Il s’avère donc que pour ces gens, la droite n’a jamais le droit à la protestation. Selon eux, la « liberté d’expression » et la « démocratie » sont la propriété exclusive d’Oppenheimer* et consorts.


La presse comme à son accoutumée n’a pas déçu. Elle a dépeint les émeutiers arabes comme des « jeunes » et notre manifestation légale comme une « provocation de l’extrême droite ». Je me suis rendu à Oum-El-Fahm parce que je suis arrivé à la conclusion qu’il n’y avait pas d’autre moyen de tirer la sonnette d’alarme, de mettre en garde ceux qui ont pour habitude d’enfoncer la tête profondément dans la terre au moment même où devant eux surgit ce monstre nommé le « Mouvement islamique ».


Il y a six mois de cela, j’ai utilisé l’outil parlementaire appelé projet de loi pour proposer de déclarer illégal le Mouvement islamique. Je me suis retrouvé sur le podium de la Knesset à exposer aux députés l’idéologie et l’activité du Mouvement islamique qui est une branche des Frères musulmans. Il s’agit d’un courant islamiste qui veut mettre en vigueur dans le monde entier les lois de la Charia, comme le Hamas, comme le Hezbollah et comme Al Qaeda. Raed Salah est le moteur de ce mouvement. Il a déjà été coupable de transfert de fonds pour le Hamas et de connivence avec des éléments terroristes qui se nommaient les « libres de la Galilée ». Dans une série de quinze articles, on peut prendre connaissance de sa vision du Mouvement islamique, une idéologie où il désire voir l’islam régir tous les territoires du Califat musulman conquis par Mahomet et en ajouter d’autres. Il « prophétise » qu’en l’an 2050, la plus grande partie de l’Europe sera musulmane.


Ce Mouvement qui ne reconnait pas les institutions de l’Etat « sioniste » d’Israël s’évertue à mettre sur pied l’infrastructure humaine et idéologique du jour du soulèvement général, « le jourJ du Djihad ». Le Djihad avec les activités de charité est le programme d’action de ce Mouvement en vue de la prise du pouvoir à laquelle il aspire.


Raed Salah est une persona-non-gratta même en Jordanie. En Egypte, où on connait très bien le potentiel destructeur des Frères musulmans, ils sont tenus bien en laisse. Seulement chez nous, en Israël, l’équivalent du Hamas et d’Al Qaeda agit en toute liberté.


Le monde occidental a la fâcheuse tendance à être surpris par les offensives de l’islam fondamentaliste. Les lumières rouges d’alerte avant les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, avant les évènements d’octobre 2000 ici et avant la Flottille pour Gaza n’ont en rien perturbé le sommeil de ceux qui désirent se bercer d’illusions que tout va bien. En général, les dirigeants ne prévoient presque jamais les graves problèmes. Ils ont tendance à mésestimer l’ampleur de la catastrophe qui s’approche à grand pas. Pourquoi troubler la fête et l’atmosphère de « tous va pour le mieux dans le meilleur des mondes » ? En effet, si on ne s’introduit pas à Oum-El-Fahm, on ne s’exposera pas à l’embuscade que nous prépare Raed Salah. La Galilée est submergée d’activités à caractère terroriste, d’incidents violents, d’incendies, et de réseaux d’espionnage pour l’ennemi. Mais chez nous, on insiste à parler de phénomènes circonscrits et marginaux. On veut nous faire croire que les actes de violence sont à caractère de droits communs et non idéologiques, que les méfaits sont effectués en « état d’ivresse », pourvu qu’on n’appelle pas les choses par leurs noms.


Le jour où nous nous sommes rendus à Oum-El-Fahm, comme d’habitude, je suis sorti de chez moi de très bonne heure alors que tous étaient encore endormis. En telle circonstance, j’ai pour habitude de faire un tour entre mes enfants qui dorment profondément et de recouvrir celui dont la couverture a glissé. Ce matin-là, je me suis attardé un peu plus. J’ai regardé mes enfants et j’ai médité sur notre devoir envers eux, envers les enfants de nous tous. Ils ont le droit de bien dormir, mais nous, nous avons le devoir de faire en sorte qu’ils ne se réveillent pas dans un monde d’illusion brisée.


Ma proposition de loi contre le Mouvement islamique a été rejetée par une vaste majorité et n’a provoqué aucun bouleversement, ni même aucune attention dans le système politique et public. En revanche, notre protestation dans ce nid de frelons a attiré sur nous tout le lexique d’injures bien connues. Toutefois, pendant quelques heures, en Israël et dans le monde, tous ont eu leur attention attirée sur cette organisation dangereuse. Sur le chemin du retour, j’ai reçu un appel téléphonique d’un ancien haut responsable des Services de sécurité générale (Shabak) qui voulait m’exprimer son soutien et ses encouragements. « Député Ben-Ari » m’a-t-il dit après m’avoir écouté sur l’une des chaines radiophoniques, « vous avez raison. Le Mouvement islamique de Galilée est l’une des pièces du Djihad global mais l’Etat d’Israël craint se mesurer avec ». Il a ajouté : « vos messages sont très importants, Deux tiers du peuple sont avec vous. »


En fin de compte, notre petite action a provoqué certes des vagues contre nous, mais également en direction de cette dangereuse mouvance. Est-ce que cela enclenchera le changement d’attitude tant espéré ? L’avenir le dira. Je prie que nous ne nous réveillons pas un beau matin dans une intifada d’assassins shahids (martyres) induite par le Mouvement islamique qui nous « prendra de surprise », comme d’habitude, et fera couler des rivières de sang. Alors, on nous demandera de témoigner devant une commission d’enquête et de dire : « voilà, on vous avait bien prévenu. »


* Yariv Oppenheimer est le Secrétaire général du Mouvement Shalom Akhshav, la « paix maintenant ».

jeudi 29 avril 2010

Lettre aux signataires de Jcall

Comme vous tous, j'ai appris avec consternation l'existence de la pétition Jcall adressée à l'Union européenne pour faire pression sur l'Etat d'Israël d'accepter une "solution raisonnable au conflit". On nous fait part que des signatures aussi célèbres et prestigieuses que celles de Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut, Boris Cyrulnique, Georges Bensoussan, de personnalités réputées "sionistes", ont été apposées sur cet appel. Cela en a rajouté à notre indignation. Ci-après, la lettre que j'ai rédigée à leur attention.


Signataires de Jcall,


On ne peut pas vous demander de ne pas avoir l'approche que vous adoptez sur la situation en Israël, mais de quel droit vous, intellectuels juifs, vous vous adressez à l'Union européenne pour faire pression sur nous? Nous qui assumons la vie en Israël et ce tout qu'elle requiert et nous apporte aussi. Aucun d'entre vous n'est prêt à payer le prix pour être Israélien, et vous demandez aux Nations d'Europe de nous faire le bras de fer pour nous imposer la solution que vous estimez la plus raisonnable, sous le prétexte que vous aimez Israël? Je ne remets pas en cause que vous croyez vouloir le bien d'Israël, mais quand vous dites aimer Israël, permettez-moi d'en douter. Aimer Israël cela consiste aussi à respecter la population de ce pays dans toute sa diversité d'opinions et d'origines, et ses choix également. Aimer Israël, ce n'est pas enfermer ce pays dans ce qu'on souhaiterait qu'il fut tout en n'y participant pas d'autre part.

Vous allez me dire que beaucoup de gens en Israël pensent comme vous signataires de Jcall. C'est tout à fait vrai, mais le débat ne porte pas sur le bien fondé de la formule de solution au conflit que vous prônez dans cet appel. Alors oui, entre nous, Juifs de toute tendance, nous pouvons, nous devons dialoguer et discuter de ces choses. La question ne repose pas sur le débat ou non débat entre nous. Ce débat existe, il est houleux même, mais ce n'est pas cela qui est remis en cause ici.

La question est: comment "juivement" parlant, vous croyez-vous en position morale de vous adresser aux Nations pour nous faire pression, et pour annuler par là-même ce que le peuple de ce pays dans toutes ses composantes décide pour lui-même?! Si tant est que vous vous considérez comme faisant encore partie de ce peuple, le peuple juif. En bon hébreu, dans une attitude de conscience juive, c'est pratiquement de la trahison de vous servir des goyim pour nous forcer la main. (goyim signifiant en hébreu "Nations" et non pas "non juifs"). Comme si les Nations n'attendaient que vous leur donniez le feu vert pour faire pression? Pratiquement toutes les solutions et mesures que nous adoptons ces dernières décennies nous sont imposées au forceps par les pressions étrangères.

Les implications de vos signatures sur cet appel sont très graves. Votre initiative signifie aux yeux du monde entier que les Juifs d'Israël sont incapables de décider par eux-mêmes et que leur système de délibération par débat public et par élection au sein de la société israélienne n'a aucune valeur en soi. En d'autres termes que l'Etat d'Israël est une fiction politique. Comment à des intellectuels aussi brillants, qui savent réfléchir aux implications de leurs prises de position, cela a-t-il pu échapper? J'aurai tendance à croire que cela ne pouvait pas ne pas vous échapper et que cela atteste de votre arrogance envers les Israéliens "mal fagotés" et "mal dégrossis" que nous sommes à vos yeux.

Mis à part le mépris et la condescendance indigeste d'une telle attitude, cela veut dire que le peuple juif n'est toujours pas mûr à être souverain de son destin sur sa Terre, et par conséquent, qu'il est toujours inapte à l'Indépendance nationale. Voilà ce en quoi induisent vos signatures sur l'appel Jcall. Vous signataires, vous ramenez le peuple d'Israël à sa situation antérieure au 14 mai 1948, avant la Déclaration d'Indépendance de l'Etat d'Israël par David Ben-Gourion. C'est-à-dire à une réalité dans laquelle le peuple juif doit être parrainé par les Nations du monde, par un mandat britannique ou "obamique" et où les décisions le concernant sont prises ailleurs, par d'autres, à l'ONU, par le "Machin". Une conjoncture où le peuple juif est relégué au stade de lobbyiste de communauté juive. En d'autres termes, les concepts de souveraineté, de gouvernement, de nation, ne sont pas applicables pour le peuple juif en Israël. C'est d'ailleurs ce que prétend le monde arabo-musulman, mais c'est déjà un autre débat. La convergence d'attitudes cependant qui, a priori, n'ont rien à voir l'une avec l'autre, ne pouvait pas ne pas être relevée.

C'est cela le post sionisme qui n'est rien d'autre que de l'antisionisme recyclé! Le peuple juif ne peut être qu'un agglomérat fragmenté d'individus organisés en communautés dispersées prêchant on ne sait quelles valeurs juives. Les mieux intentionnés seraient disposés à octroyer à la "Communauté juive de Palestine" une sorte d'autonomie administrative et de la laisser disposer d'une milice d'autodéfense, mais pour les grandes décisions, ce sont les autres qui doivent les prendre. Dans notre cas, vous les intellectuels juifs d'exil en concertation avec les dirigeants des nations qui échafaudez les modalités territoriales et géopolitiques d'existence aux indigènes hébreux que nous sommes.
C'est cela à quoi mène votre initiative. C'est ce que vous affirmez en clair à Obama, à Poutine, à Sarkozy, à Gordon Brown, à Angela Merkel et par onde de choc, aux nazislamistes comme Ahmanidjad, Assad, et autres postiches de tyrans arabo musulmans qui n'attendent que le moment propice pour nous exterminer. Dans les réunions d'évaluation stratégique aux ministères de la guerre syrien et iranien, vos diatribes ne peuvent que les encourager. Moi à leur place, je me frotterais les mains de satisfaction: "des Juifs de premier plan et réputés "solidaires d'Israël" font pression sur la Communauté internationale pour que l'Etat d'Israël se conforme au diktat étranger". Très fort votre initiative!

Est-ce que le fait que vous êtes tous encore empêtrés dans une réalité existentielle d'exil aurait à voir avec cette dérive? Je n'irai pas jusque là, mais c'est pire. Sans vouloir trop rentrer dans ce débat, je dirai que c'est surtout le fait que vous n'envisagez pas de lier votre destin, votre sort, votre existence à celui d'Israël, le peuple et son Etat, dans un avenir quelconque.

Cette initiative ne fait donc pas seulement l'objet d'un désaccord ou d'une simple controverse politique entre vous et nous. Si ce n'était que cela, soit. Pour nous, c'est dans le pire des cas un drame de plus, mais pour vous, c'est une tragédie. Pourquoi une tragédie? Parce que vous démontrez par là même que le destin d'Israël en dernier ressort doit se décider ailleurs, par d'autres, pas par les Juifs d'Israël. C'est la pire des fautes d'identité que l'on puisse commettre envers soi-même en tant que Juif. Cela implique ipso facto que vous vous mettez en dehors du peuple juif. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que cela arrive dans notre histoire. Ce n'est pas moi qui vous condamne à quoi que ce soit, c'est vous qui vous êtes vous-mêmes condamnés à vous mettre en dehors, à ce que votre destin bifurque de celui de l'ensemble de notre peuple, en Israël et en exil pour qui l'Etat hébreu est l'ancre et de son identité, pour qui la Terre d'Israel, c'est la maison et pas seulement une idée. Peut-être parce que vous n'avez pas suffisamment réfléchi aux implications de cette option de cosmopolitisme qui est grosso modo le choix identitaire commun à vous tous signataires?
Alors bien sûr, toutes les ouvertures de retour, de repentir dirait-on dans un langage religieux, sont peut-être possibles. Bien que ce ne soit pas de religion qu'il s'agit, c'est beaucoup plus grave et crucial que cela. Ce n'est donc pas en lisant les Psaumes, ou en adoptant des attitudes pieuses, de tartufferie dirait-on en français, que cela se répare.

Mais j'ai l'impression que ce message est inaudible pour vous, voir incompréhensible, parce que je parle juif même si je le dis en français, et vous, vous parlez français même quand vous voulez parler juif. C'est probablement ce fossé qui se creuse depuis longtemps et dont nous ne prenons acte que maintenant. Un fossé qui risque de devenir infranchissable, comme la semaine dernière lorsque les liaisons aériennes ne pouvaient plus se faire entre Israël et l'Europe justement pendant les festivités de Yom Haatsmaout, la Journée de l'Indépendance d'Israël - nous peuple d'Israël en Israël en tant que Nation liée à sa Terre d'un côté, et vous à concocter cet appel au sein et avec le reste des Nations. Ce n'est pas nouveau dans la très longue Histoire d'Israël. D'ailleurs, ces choses-là, ça se lit et ça s'étudie.

Méir Ben-Hayoun

lundi 19 avril 2010

La dernière lettre de Gad Ezra



La dernière lettre de Gad Ezra



Gad Ezra était le neveu de mon ami Moshé Salama, benjamin des enfants de Soli et de Roselyne, la sœur de Moshé.
Pessah de l'année 2002, les attentats ont atteint leur paroxysme, plus de cents personnes horriblement assassinées rien aue pour le mois de mars 2002, dont l'attentat du soir du Seder à l'hôtel Park à Netanya.
Le gouvernement ne peut plus poursuivre la politique de retenue imposée par l'Administration Bush. Le Président américain veut se rallier les pays arabes dit modérés depuis le 11 septembre pour intervenir en Afghanistan et en Iraq. Cela se fait au prix de vies israéliennes sacrifiées à la bestialité terroriste palestinienne. Pour obtenir la coopération des pays arabes, Bush a mis son veto à une riposte israélienne. Mais pendant Pessah de cette année, l'opinion israélienne gronde. Le leadership israélien ne peut plus tempérer C'est la mobilisation d'urgence pour une opération d'envergure décidée par le gouvernement Sharon.

Gad Ezra, 23 ans, vient de se fiancer. Il a été démobilisé seulement un mois auparavant. Il est appelé d'urgence dans son unité de réserve (milouïm) composés d'anciens de Golani pour l'Opération Rempart. Les gars sont envoyés à Djénine pour nettoyer ce nid de serpents. Le nombre des blessés et des tués monte très vite. Gad, infirmier de son équipe, fait abstraction des dangers autour de lui et court secourir ses copains touchés. C'est alors qu'il est atteint d'une balle qui lui sera fatale. Il sera décoré pour sa bravoure à titre posthume.

J'ai appris cela en temps réel par mon copain Moshé Salama. Je me souviens qu'à l'époque, sa famille était inquiète parce que d'autres neveux de Moshé avaient été mobilisés pour cette opération.
Quelques mois plus tard, lors de la cérémonie où les parents reçurent la décoration pour Gad, Moshé Salama était en colère. Il me dit alors: "Je ne suis pas allé à cette cérémonie parce que si j'avais été à la place de mon beau frère et de ma sœur, j'aurais jeté à la figure du Chef d'Etat major (Shaul Mofaz) la décoration de Gad et je lui aurais dit: 'c'est ça que vous me donnez pour l'avoir envoyé se faire tuer? Tout cela parce que les brillants esprits que vous êtes au ministère de la Défense, n'avez pas eu le courage de donner l'ordre de raser le camp de terroristes de Djénine en le bombardant depuis les airs, de crainte que les nations ne condamnent Israël. Et vous avez préféré que des fantassins se fassent tirer comme des lapins dans ce guêpier!"
La colère de Moshé n'était pas injustifiée. Avec Gad, ce sont 22 autres militaires qui ont été tués lors de cette opération. Les précautions prises par l'Etat major en envoyant sur le terrain des fantassins n'ont pourtant pas empêché la calomnie du massacre de Djénine de se répandre.


En ce jour de Yom HaZikaron, la Journée du Souvenir, toutes nos pensées vont à toutes les familles qui ont perdu des proches lors des guerres d'Israël, ainsi qu'à Soli et à Roselyne arrivés en Israel en 1969 après leurs études à Montpellier, à Viviane et à Jacques, sœur et frère de Gad. Aujourd'hui, Soli et Roselyne vivent à Bat-Yam où ils tiennent une pharmacie.

En racontant comment Gad Ezra, le neveu de notre ami Moshé Salama est tombé lors de l'Opération Rempart le 4 avril 2002, j'ai été profondément ému à la lecture de sa dernière lettre destinée à sa fiancée Galit. Je n'ai pas pu ne pas la traduire.

Méir Ben-Hayoun




Ma très chère Galit

Si cette lettre te parvient, c'est que quelque chose m'est arrivé.

Ce matin, nous avons été informés que l'opération planifée depuis hier sera exécutée aujourd'hui, avec l'aide de Dieu.
Je t'ai déjà dit que le plan opérationnel a été modifié et ne sera pas ce qu'il était censé être au tout début. Je ne voulais pas te causer de soucis ma très chère.

Cela m'a été très pénible de ne pas te raconter la vérité, mais j'ai préféré cela plutôt que de te causer du souci: "On peut changer un peu la vérité pour la paix", même pour la paix d'esprit d'une personne que l'on aime plus que tout sur terre.
Ma tendre bienaimée, je ressens d'une part qu'il n'y rien d'autre que je ne veuille si ce n'est être à tes côtés, t'aimer, fonder avec toi un foyer, une famille, mais d'autre part, il n'y rien que je ne veuille plus que de participer à cette opération et porter un grand coup à ces salopards de telle manière qu'ils ne pourront plus jamais songer à perpétuer d'autre attentat. Ainsi ils prendront en ligne de compte qu'à chaque fois qu'ils commettront la moindre horreur, on les frappera là où ça leur fait le plus mal et quequ'en soit le prix. Moi, je suis prêt à être ce prix.

Ne sois pas en colère contre moi ma bienaimée. Dans des instants comme celà, le sentiment israélien général doit nous guider et nous faire frapper la perfidie comme si nous n'avions pas de vie privée. "Dans l'armée du Roi David, les combattants donnaient un acte de divorce à leurs épouses avant de s'engager au combat."

Ma très belle, je t'aime tellement et mon unique regret, c'est le fait que tu seras peinée et que je ne serai pas avec toi pour te rendre heureuse. En fait, il n'y a rien dans ce monde que tu ne mérites plus que le bonheur. Pour cela ma charmante, je te veux heureuse. Je voudrai que tu sois joyeuse, que tu aimes et que tu t'épanouisses parce que tu le mérites. Je ferai toujours attention sur toi là où je me trouve et je m'assurerai que tu rencontres quelqu'un qui te rende heureuse plus que moi.

Ma mignonne, souviens-toi, tout est pour le mieux et si c'est cela qui a été décidé par le Maitre du monde, c'est ainsi qu'il doit en être. La seule chose qu'il nous reste à faire, c'est d'accepter cela avec amour.

Je t'aime et je t'aimerai toujours et sache que ce que j'ai toujours à l'esprit, c'est seulement toi en ces instants. Je suis sûr qu'au moment où m'arrivera ce qui m'arrivera, tu seras la dernière à qui mes pensées seront consacrées et je m'en irai de ce monde sachant que je suis le plus heureux qui puisse être et ceci grâce à toi.

Pense que tu m'as octroyé la joie et que tu m'as rendu le plus heureux qui puisse être. Tu m'as fait accéder à des summums de bonheur auxquels avant toi je ne pouvais seulement rêver.

Je t'aime ma tendre et te remercie pour tout le bien et le bonheur dont tu m'as comblé lorsque nous étions ensemble.

En fait nous n'étions pas seulement ensemble quand nous nous rencontrions. Nous sommes toujours ensemble depuis avant notre venue en ce monde et nous sommes toujours ensemble même après.

Souviens-toi de cela ma chère, nos âmes proviennent de la même racine.

"Tout ce que fait Dieu, c'est pour le mieux", même cela. Là où je me trouve, je t'assure que c'est l'endroit le plus extraordinaire qu'il y ait. Je ne souffre pas et ne suis pas en peine. La seule chose qui puisse me peiner, c'est la tristesse des personnes qui resteront, toi, la famille et les amis. Diffuse cela ma tendre: "il n'y a pas de désespoir à avoir, la joie doit toujours prendre le dessus." C'est ce que je voudrai te demander, même si cela est dur.

Je sais que je peux te demander cela, parce que je connais la joie et le bonheur naturels qui rayonnent de ta personne. Bonheur et joie dont je me suis épris et qui m'ont tant attiré vers toi lorsque je t'ai rencontrée pour la première fois.

Ma chère et tendre, je t'aime et je t'aimerai toujours. Juste assure-moi que tu poursuivras ton chemin et que tu ne te laisseras pas vaincre. C'est toi qui vaincras, c'est comme cela que cela doit être et il est juste qu'il en soit ainsi.

Je t'aimerai pour l'éternité et je serai toujours avec toi

Ton Gadi




dimanche 11 avril 2010

Le stagiaire et l'employeur antisémite


Le stagiaire et l'employeur antisémite



En cette veille de la journée de la Shoah,
on apprend qu'il y a 100% d'augmentation des incidents antisémites dans le monde pour l'année 2009. Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais ce genre d'information qui d'habitude me suscite un sentiment de profonde colère, cette année, ça me laisse froid. Je devrai pourtant m'en émouvoir, de surcroit la veille de la Journée de la Shoah.

Après méditation sur la recrudescence de l'antisémitisme ces dix dernières années, je me souviens de l'époque de la première guerre du Golfe au début de l'hiver 1991, plus précisément d'un article paru alors dans le quotidien Yedioth Aharonot.

A cette époque, comme tous les Israéliens, je me jette sur tous les journaux parus que je les lis avidement. Dans les gros titres, les termes et noms qui reviennent: les scuds qui tombent sur Tel Aviv, "Nahash Tséfa" le mot d'ordre pour se confiner dans les abris, le Président George Bush (père), le Général Norman Schwarzkopf, le commandant en chef des armées américaines Colin Powell, le président Saddam Hussein, le ministre irakien des Affaires étrangères Tarek Aziz, le Premier Ministre Itzhak Shamir etc. Comme tous les réservistes, j'attends la mobilisation qui d'ailleurs ne viendra pas.

Dans l'édition quotidienne du Yedioth Aharonot, une information qui n'a rien à voir avec la conjoncture de guerre attire mon attention. Un information que je n'ai pas oubliée jusqu'à aujourd'hui. Elle nous apprend que l'un des pionniers de cet organe de presse, le docteur Herzl Rosenblum, ancien rédacteur en chef de Yedioth Aharonot vient de s'éteindre.

Né en 1903 à Kovno en Lithuanie, le docteur Herzl Rosenblum est décédé le 1er février 1991 à Tel Aviv.

Kovno est la capitale et la plus grande ville de Lithuanie dans les années 30. Un jeune Juif, un Sioniste, Herzl Rosenblum vient d'achever ses études de droit à l'université à Vienne. Militant du Bétar et disciple de Wladimir Zeev Jabotinsky, son activisme lui a fait prendre du retard pour postuler à un stage dans un cabinet d'avocat. Tous les cabinets d'avocat juifs à Kovno ont été assaillis par les candidats juifs si bien qu'il n'y a plus de place pour un stagiaire en plus. Dans l'atmosphère antisémite qui règne à l'époque, Rosenblum s'adresse à tous les cabinets non juifs. Seul le cabinet d'un avocat de renom, membre du parlement et connu pour son antisémitisme l'accepte.
Le jeune Rosenblum se met à travailler assidument et donne entière satisfaction à son employeur. Ce dernier, redoutable avocat, antisémite notoire et député au Parlement pour un parti nationaliste, en est profondément intrigué. La distance hautaine et le mépris pour son jeune stagiaire juif lui dictent de ne pas adresser la parole à ce dernier. Mais la curiosité de ce Lithuanien antisémite ne lui laisse aucun répit et finalement, il s'adresse directement à Herzl Rosenblum: "j'ai appris que vous être membre d'une organisation sioniste radicale. Vous n'êtes pas sans ignorer que je suis membre du Parlement connu pour ses prises de position antisémites. Comment cela ne vous a-t-il pas dissuadé de postuler pour un stage dans mon cabinet?"
Sans se démonter, Herzl Rosenblum répondit en toute franchise, chose impensable à cette époque pour un subalterne et de surcroit pour un stagiaire juif dans un pays balte: "Oui je ne l'ignorais pas et je dois vous avouer que cela ne me dérange aucunement pour accomplir mon travail du mieux que je le peux. Voyez-vous, je hais les antisémites au moins autant, si ce n'est plus, que ces derniers ne haïssent les Juifs. Par conséquent, je savais que notre coopération s'exercerait strictement sur notre travail d'avocat et rien d'autre, ce qui est du mieux pour moi."

Le docteur Herzl Rosenblum n'a été aucunement dérangé jusqu'au terme de son stage de formation qui sétait déroulé relativement de façon correcte.

Par la suite, le docteur Rosenblum a travaillé aux côtés de Wladimir Zeev Jabotinsky. En 1935, il monta en Israël pour se joindre au parti Hérout de Menahem Begin. La signature du Docteur Herzl Rosenblum est apposée sur la Déclaration d'Indépendance de l'Etat d' Israël. En 1948, il fut nommé rédacteur en chef de Yedioth Aharonot où il signa ses chroniques jusqu'en 1986.

Après la Seconde Guerre mondiale, alors qu'arrivaient avec les premier rescapés de la Shoah en Israël les histoires les plus atroces sur la collaboration dans les pays baltes à l'extermination des Juifs, le docteur Rosenblum demanda aux originaires de Kovno quelle avait été l'attitude de son ancien employeur dont le parti nationaliste avait collaboré avec les Nazis. Les rescapés de Kovno relatèrent à Rosenblum comment cet avocat connu pour son antisémitisme n'avait point collaboré avec les Nazis. Certains lui racontèrent même comment il avait tenté d'alléger les souffrances des Juifs du ghetto. Le docteur Herzl Rosenblum apprit par la suite qu'après la Guerre, avec l'arrivée des Soviétiques dans les pays de la Baltique, son ancien employeur avait été déchu. En tant qu'ancien membre d'un parti nationaliste balte farouchement opposé au Bolchévisme , le régime communiste l'opprima et le mis en disgrâce. Il ne pouvait plus exercer son métier d'avocat et avait plongé dans une misère la plus totale jusqu'à son décès au début des années 50. Le docteur Herzl Rosenblum fit de son mieux pour lui faire régulièrement parvenir des sommes d'argent afin de lui adoucir ce sort peu enviable
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