mercredi 23 mars 2011

Ici, on est venu exterminer des Juifs


Mardi 23 mars 2011, je reviens à l'instant de l'endroit de l'attentat à Binyanei Haouma à l’entrée Ouest de Jérusalem. Les policiers étaient hystériques craignant les protestations et la colère des Hiérosolomytains. En effet, deux à trois mille personnes sont sur les lieux. Pour la plupart des jeunes. Ils sentent qu’une nouvelle offensive de terrorisme de grande échelle a commencé depuis le massacre de la famille Fogel et les tirs de missiles Graad sur Beer-Sheva et dans le Sud du pays.


Je me suis fait jeter par un flic alors que je posais des questions à des ambulanciers et à des employés de la mairie. Tout ça parce que je n'avais pas sur moi ma carte de presse à lui montrer. Il m'a lancé : « tu te fais passer pour un journaliste ». Je lui ai rétorqué que je voulais voir sa carte de policier, lui expliquant que tout un chacun pouvait s’acheter un uniforme. Je lui ai alors dit : « on vient de descendre des Juifs ici et tout ce que vous trouvez de mieux à faire, c’est d'être sourcilleux avec un journaliste sioniste d’Aroutz 7 en français parce qu’il n’a pas sa carte? », en lui indiquant les équipes de télévision étrangères comme France 2 qui s’introduisent là où elles veulent sans qu’on leur demande leur carte et qui, systématiquement cassent du sucre sur le dos d'Israël.


Sur place, tout a déjà été nettoyé en à peine deux heures. "Circulez, il n'y a plus rien à voir! Les flics demandent à la foule de rentrer à la maison. Quelques jeunes ultra-orthodoxes crient : « Mort aux Arabes ». Les gens qui semblent résignés devant les attentats parlent entre eux et sont unanimes à dire : « On ne peut pas laisser les attentats recommencer. Ça peut arriver partout, à tout moment, à n’importe qui. Il faut virer les Arabes »


Au même moment ou le nettoyage prend fin, on nous annonce qu'une dame de 74 ans vient de succomber à ses blessures. Le sang se glace. Les machoires se serrent. Cinquante et une personnes blessées ont été évacuées dans les hôpitaux de la ville préparés pour ce genre de scénario, ô combien connu.


En revenant à pied jusqu'au centre de Jérusalem pour prendre mes affaires laissées au bureau, je vois que la ville s'est vidée. Un silence pesant y règne. Mon portable sonne. C’est Elishéva. Elle me dit : « On ne peut laisser les choses comme cela, comme si cet attentat n'était qu'un accident de la circulation. » Je ne peux qu’acquiescer à ce qu’elle suggère: « Méir, il faut badigeonner à la peinture rouge l'endroit pour qu'on se souvienne: ici, on est venu exterminer des Juifs!!"


Méir Ben-Hayoun

1 commentaire:

Élisa Naibed a dit…

Et personne finalement, ne semble réagir, même de façon purement symboliquement, à cette abominable nouvelle !