Tekoa le 26 avril 2009
Quel châtiment pour les assassins d'Ilan Halimi?
Par Méir Ben-Hayoun
La Communauté juive de France est en état d'alerte à l'approche du procès des assassins d'Ilan Halimi devant s'ouvrir le 29 avril.
Capturé parce que Juif, Ilan a été torturé, supplicié trois semaines durant avant de succomber. On ne peut imaginer la descente aux enfers, la souffrance infinie, l'humiliation de notre malheureux frère Ilan pour qui la mort fut dans de telles circonstances, une libération. Ce crime semble venir d'un autre temps, d'une réalité qu'on croyait révolue et qu'on s'est tant employé à vouloir oublier. Un cas effroyable de recyclage des méthodes de torture de la Gestapo.
L'émotion suscitée par cet assassinat, probablement le plus atroce de ces dernières années en France, s'amplifie suite à la montée des actes antisémites du début de l'année 2009 et des cris de "Mort aux Juifs" par de centaines de milliers de manifestants à travers l'Europe. De surcroit, la crainte de voir le système juridique se laisser aller au laxisme et occulter par lâcheté ces aspects, n'atténue en rien les inquiétudes juives.
Devant la détermination et le sadisme inouïs déployés par les assassins, on ne peut ne pas être interpellé par l'appel au meurtre, par la déshumanisation des Juifs en cette première décennie du troisième millénium.
Personne ne mettra les points sur les "i" quant à cette affaire si les Juifs ne le font pas eux-mêmes. Précurseurs, les Juifs de France ont été novateurs et à l'origine de nombreuses lettres de noblesse qui font l'honneur de la République française; par exemple l'abolition de l'esclavage par Adolphe Crémieux
Aujourd'hui, c'est dans le même état d'esprit d'initiative et de persévérance que les Juifs de France doivent exiger le châtiment qu'il se doit aux tortionnaires d'Ilan Halimi. Ils doivent le faire pour Ilan et l'image de Dieu qui était en lui, pour eux-mêmes en tant que Juifs, et surtout pour la société française qui part à la dérive.
On doit à Robert Badinter, le Garde des Sceaux sous la présidence de François Mitterrand, l'abolition de la peine de mort en France. Monsieur Badinter dont le père fut déporté à Sobibor, s'était littéralement battu comme un lion pour faire abolir la peine capitale et reléguer la guillotine aux oubliettes. On se souvient de ses plaidoiries poignantes en 1976 pour épargner la peine capitale pour Patrick Henry, l'assassin d'un enfant de sept ans.
La nature nazie de l'assassinat d'Ilan Halimi, au nom même des valeurs qui ont motivé des grands hommes comme Robert Badinter à faire abolir la peine de mort, nous accule à réhabiliter celle-ci de façon exceptionnelle et provisoire pour les assassins d'Ilan. C'est avec détermination que les organisations juives de France, avec Monsieur Badinter à leur tête, doivent se mobiliser auprès des législateurs français et européens pour que la peine de mort soit applicable et revendiquée par le Parquet.
Les assassins d'Ilan ne pourront plus faire leur comédie infâme et fanfaronner en assises comme ce fut le cas lors des séances préliminaires au procès. Ce qui a constitué en soit une véritable souillure à la mémoire du défunt, un véritable couteau tourné dans la plaie de la famille d'Ilan. Devant l'éventualité de voir leurs têtes rouler par tête après avoir été sectionnées de leurs corps par le couperet de la guillotine, nombre des assassins d'Ilan risque d'être mieux disposé à se confondre en regrets et supplications pour obtenir la clémence de la cour.
Il ne s'agit pas de donner par là libre cours à un sentiment de vengeance débridé. La notion de justice même ne se mesure pas par la norme d'un châtiment fixé à tel ou tel crime. Il y a des crimes qui sortent de toute norme. Le châtiment doit être l'expression même de la gravité exceptionnelle perçue par ce crime atroce. Par conséquent, réhabiliter la peine de mort et sortir de la naphtaline la guillotine s'impose pour les assassins d'Ilan. Cela doit être le mot d'ordre et de ralliement de la Communauté juive de France, tout controverse mise de côté. Cette dérogation s'impose justement si on désire maintenir l'abolition de la peine capitale.
Non loin du magasin de téléphonie où travaillait Ilan sur le Boulevard Voltaire, le 22 avril dernier, des jeunes Juifs collant des affiches à sa mémoire ont été agressés. Dans des pans entiers de la société française, l'assassinat d'Ilan Halimi n'est pas perçu comme un crime horrible. Une société dans laquelle l'assassinat d'un Juif dans des modalités de crime nazi peut faire l'objet d'admiration est une société condamnée à terme et on ne peut présager de l'état de chaos jusqu'où elle pourrait s'enfoncer. Faire tomber les têtes de Fofana et de ses acolytes est l'expression du sursaut nécessaire pour que la société française puisse se reprendre.
La Communauté juive doit être à la pointe de cette lutte. Elle doit organiser des piquets devant le tribunal, des manifestations géantes avec les formations politiques non-juives partageant ses inquiétudes. Elle doit envoyer des délégations composées de ses personnalités les plus éminentes auprès de l'assemblée nationale, du Sénat, des ministères et du Palais de l'Elysée pour exiger la réhabilitation de la peine capitale de façon exceptionnelle et provisoire. La dignité juive de France, la dignité de la République française et son avenir en dépendent.
Dans ce domaine comme pour d'autres, les Juifs doivent être les précurseurs. Ils doivent être ceux qui voient à long terme et contribuent à la viabilité du pays qui les accueille. Ils doivent le faire avec force et intelligence, sans crainte d'impopularité ou de représailles, comme ils l'ont fait pour faire abolir la peine de mort lorsque ce châtiment était largement répandu et accepté.
En ce qui me concerne, j'ai l'intention de manifester même tout seul devant le Consulat général de France à Jérusalem pour exiger la peine de mort pour les assassins d'Ilan et je remettrai une lettre au consul général à transmettre à l'Elysée. Ceux qui veulent me joindre seront les bienvenus.
En dernier lieu, dans sa mort, Ilan Halimi le jeune Juif au visage radieux, a montré la direction à ses frères et sœurs juifs de France. Il se destinait à venir vivre en Israel, l'ultime étape du grand voyage des Juifs depuis le début de l'Exil il y a 2000 ans. Aujourd'hui, Ilan repose au cimetière de Guivat Shaoul à Jérusalem. Lui rendre justice et venir vivre ici est le minimum qui doit être accompli.
Par Méir Ben-Hayoun
La Communauté juive de France est en état d'alerte à l'approche du procès des assassins d'Ilan Halimi devant s'ouvrir le 29 avril.
Capturé parce que Juif, Ilan a été torturé, supplicié trois semaines durant avant de succomber. On ne peut imaginer la descente aux enfers, la souffrance infinie, l'humiliation de notre malheureux frère Ilan pour qui la mort fut dans de telles circonstances, une libération. Ce crime semble venir d'un autre temps, d'une réalité qu'on croyait révolue et qu'on s'est tant employé à vouloir oublier. Un cas effroyable de recyclage des méthodes de torture de la Gestapo.
L'émotion suscitée par cet assassinat, probablement le plus atroce de ces dernières années en France, s'amplifie suite à la montée des actes antisémites du début de l'année 2009 et des cris de "Mort aux Juifs" par de centaines de milliers de manifestants à travers l'Europe. De surcroit, la crainte de voir le système juridique se laisser aller au laxisme et occulter par lâcheté ces aspects, n'atténue en rien les inquiétudes juives.
Devant la détermination et le sadisme inouïs déployés par les assassins, on ne peut ne pas être interpellé par l'appel au meurtre, par la déshumanisation des Juifs en cette première décennie du troisième millénium.
Personne ne mettra les points sur les "i" quant à cette affaire si les Juifs ne le font pas eux-mêmes. Précurseurs, les Juifs de France ont été novateurs et à l'origine de nombreuses lettres de noblesse qui font l'honneur de la République française; par exemple l'abolition de l'esclavage par Adolphe Crémieux
Aujourd'hui, c'est dans le même état d'esprit d'initiative et de persévérance que les Juifs de France doivent exiger le châtiment qu'il se doit aux tortionnaires d'Ilan Halimi. Ils doivent le faire pour Ilan et l'image de Dieu qui était en lui, pour eux-mêmes en tant que Juifs, et surtout pour la société française qui part à la dérive.
On doit à Robert Badinter, le Garde des Sceaux sous la présidence de François Mitterrand, l'abolition de la peine de mort en France. Monsieur Badinter dont le père fut déporté à Sobibor, s'était littéralement battu comme un lion pour faire abolir la peine capitale et reléguer la guillotine aux oubliettes. On se souvient de ses plaidoiries poignantes en 1976 pour épargner la peine capitale pour Patrick Henry, l'assassin d'un enfant de sept ans.
La nature nazie de l'assassinat d'Ilan Halimi, au nom même des valeurs qui ont motivé des grands hommes comme Robert Badinter à faire abolir la peine de mort, nous accule à réhabiliter celle-ci de façon exceptionnelle et provisoire pour les assassins d'Ilan. C'est avec détermination que les organisations juives de France, avec Monsieur Badinter à leur tête, doivent se mobiliser auprès des législateurs français et européens pour que la peine de mort soit applicable et revendiquée par le Parquet.
Les assassins d'Ilan ne pourront plus faire leur comédie infâme et fanfaronner en assises comme ce fut le cas lors des séances préliminaires au procès. Ce qui a constitué en soit une véritable souillure à la mémoire du défunt, un véritable couteau tourné dans la plaie de la famille d'Ilan. Devant l'éventualité de voir leurs têtes rouler par tête après avoir été sectionnées de leurs corps par le couperet de la guillotine, nombre des assassins d'Ilan risque d'être mieux disposé à se confondre en regrets et supplications pour obtenir la clémence de la cour.
Il ne s'agit pas de donner par là libre cours à un sentiment de vengeance débridé. La notion de justice même ne se mesure pas par la norme d'un châtiment fixé à tel ou tel crime. Il y a des crimes qui sortent de toute norme. Le châtiment doit être l'expression même de la gravité exceptionnelle perçue par ce crime atroce. Par conséquent, réhabiliter la peine de mort et sortir de la naphtaline la guillotine s'impose pour les assassins d'Ilan. Cela doit être le mot d'ordre et de ralliement de la Communauté juive de France, tout controverse mise de côté. Cette dérogation s'impose justement si on désire maintenir l'abolition de la peine capitale.
Non loin du magasin de téléphonie où travaillait Ilan sur le Boulevard Voltaire, le 22 avril dernier, des jeunes Juifs collant des affiches à sa mémoire ont été agressés. Dans des pans entiers de la société française, l'assassinat d'Ilan Halimi n'est pas perçu comme un crime horrible. Une société dans laquelle l'assassinat d'un Juif dans des modalités de crime nazi peut faire l'objet d'admiration est une société condamnée à terme et on ne peut présager de l'état de chaos jusqu'où elle pourrait s'enfoncer. Faire tomber les têtes de Fofana et de ses acolytes est l'expression du sursaut nécessaire pour que la société française puisse se reprendre.
La Communauté juive doit être à la pointe de cette lutte. Elle doit organiser des piquets devant le tribunal, des manifestations géantes avec les formations politiques non-juives partageant ses inquiétudes. Elle doit envoyer des délégations composées de ses personnalités les plus éminentes auprès de l'assemblée nationale, du Sénat, des ministères et du Palais de l'Elysée pour exiger la réhabilitation de la peine capitale de façon exceptionnelle et provisoire. La dignité juive de France, la dignité de la République française et son avenir en dépendent.
Dans ce domaine comme pour d'autres, les Juifs doivent être les précurseurs. Ils doivent être ceux qui voient à long terme et contribuent à la viabilité du pays qui les accueille. Ils doivent le faire avec force et intelligence, sans crainte d'impopularité ou de représailles, comme ils l'ont fait pour faire abolir la peine de mort lorsque ce châtiment était largement répandu et accepté.
En ce qui me concerne, j'ai l'intention de manifester même tout seul devant le Consulat général de France à Jérusalem pour exiger la peine de mort pour les assassins d'Ilan et je remettrai une lettre au consul général à transmettre à l'Elysée. Ceux qui veulent me joindre seront les bienvenus.
En dernier lieu, dans sa mort, Ilan Halimi le jeune Juif au visage radieux, a montré la direction à ses frères et sœurs juifs de France. Il se destinait à venir vivre en Israel, l'ultime étape du grand voyage des Juifs depuis le début de l'Exil il y a 2000 ans. Aujourd'hui, Ilan repose au cimetière de Guivat Shaoul à Jérusalem. Lui rendre justice et venir vivre ici est le minimum qui doit être accompli.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire