La soldate, le journaliste et les Panthères roses
Fréquentes sont les journées en Israël où une affaire bouscule l'autre et où elles se disputent les records du jamais vu. Mais aujourd'hui jeudi 8 avril, c'est tout de même un jour exceptionnel où s'enchevêtrent des summums de fiascos.
Fréquentes sont les journées en Israël où une affaire bouscule l'autre et où elles se disputent les records du jamais vu. Mais aujourd'hui jeudi 8 avril, c'est tout de même un jour exceptionnel où s'enchevêtrent des summums de fiascos.
Nous ne traiterons que de l'affaire Anat Kam qui défraye la chronique et dont les ramifications posent déjà des problèmes de fond de dysfonctionnement dans la société israélienne. Cette affaire n'a été autorisée qu'à être partiellement divulguée seulement aujourd'hui par la censure militaire.
C'est une suite de gigantesques fiascos pratiquement sans précédent au sein du Renseignement militaire (Aman) et seulement ensuite, un fiasco des Services de sécurité intérieur (Shabak), un tsunami d'une telle amplitude que dans d'autres armées, des généraux payent de leur carrière sur le champ. En d'autre temps, ils se seraient fait hara kiri ou se seraient tirés un balle sur dans la tempe. Et ce n'est pas tout. Cette affaire nous dévoile le pot au roses, à savoir que tout un chacun peut s'introduire dans les bureaux des plus grosses huiles de Tsahal et y consulter le matériel le plus confidentiel.
Il ne faut pas perdre de vue que cette affaire est publiée seulement deux jours après l'ouverture du procès en Cour martiale d'un militaire, de membres de sa famille et de citoyens arabes israéliens qui avaient réussi à pénétrer dans le bureau du Chef d'Etat major, le Général Gabriel Ashkénazy et à y saisir du matériel qui avait été transféré au Hezbollah. Probablement que cela n'est pas étranger à la manière pas très élégante avec laquelle, le Ministre de la Défense Ehoud Barak et le Premier Ministre Binyamin Netanyahou ont fait savoir que la nomination du Chef d'Etat major Ashkénazy ne sera pas reconduite d'une année supplémentaire à la fin de son mandat.
Selon les informations transmises par le directeur des Services de sécurité intérieure (Shabak) M. Youval Diskin lors de sa conférence de presse, la soldate Anat Kam accomplissait son service militaire dans le Bureau du Commandant de la Région centre, le Général Yaïr Naveh, entre les années 2005 et 2007. C'est ainsi qu'elle a volé de ce bureau et gravé sur CD, plus de 2000 documents confidentiels dont certains étaient classifiés "TOP SECRET". Les motivations de Kam à commettre ces vols étaient de nature idéologique. Diskin a précisé que mettre la main sur ces documents est le rêve le plus juteux de toute puissance ennemie.
Le directeur du Shabak a ajouté que ces documents étaient de natures diverses: des ordres d'opérations secrètes du Commandement centre et de l'Etat major, des dispositifs de l'armée en cas d'urgence, des déploiements d'unités, des cas de figures d'engagement, des doctrines tactiques et encore beaucoup d'autres choses. Par conséquent, divulguer de telles informations peut mettre en grave danger des militaires et des civils israéliens.
Anat Kam qui n'a que 23 ans a copié ces documents durant son service militaire et les a gravés sur CD. Dans le courant de l'année 2008, elle les a transmis au correspondant Ouri Blau du quotidien Haaretz après les avoir proposés à d'autres journalistes. A partir de ces informations secrètes, Ouri Blau a publié des chroniques qui ont été agréées par la censure militaire (?!). Quand finalement dans les milieux militaires on s'est réveillé d'un profond sommeil à la lecture de ces colonnes et qu'on a compris qu'il s'agissait d'informations confidentielles, les Services de sécurité intérieure (Shabak) ont été diligentés pour mener l'enquête.
En septembre 2009, les Services de sécurité intérieure (Shabak) et le quotidien Haaretz ont signé un accord dans lequel Ouri Blau était censé rendre les documents confidentiels en sa possession. En contrepartie, le Shabak s'engageait à ne pas incriminer Ouri Blau et à ne pas lui faire subir d'interrogatoire sur ses sources.
Lorsque les Services de sécurité intérieure (Shabak) ont obtenu les documents du correspondant de Haaretz, Il s'est avéré qu'il ne leur avait remis que 50 documents alors que les Services de sécurité sont convaincus qu'il en détient beaucoup d'autres. Et le comble pour les Panthères roses des Services de sécurité, Ouri Blau a réussi à s'envoler pour Londres en décembre 2009 (?!), probablement afin de ne pas être arrêté et interrogé sur les documents manquants. Et depuis, il n'est toujours pas revenu en Israël ni n'est sur le point de le faire. Dans des interviews accordées à des journaux étrangers, Dov Alfon le rédacteur en chef du quotidien Haaretz a affirmé que le journal assurera tous les besoins de son correspondant Ouri Blau en exil en Angleterre, tout le temps que cela sera nécessaire. En d'autres termes, le quotidien Haaretz soutient et protège Ouri Blau contre les Services de sécurité intérieure et considère cela comme un cas de confidentialité professionnelle journalistique à protéger.
Le directeur du Shabak, Youval Diskin a mis en garde que la divulgation de cette affaire au public ferait d'Ouri Blau un objectif pour des éléments hostiles à Israël, insinuant ainsi que la vie de ce dernier serait dorénavant en danger par ceux qui voudraient mettre la main sur ces documents secrets.
C'est une série de graves fiascos qui ferait un excellent scénario d'un film de comédie-espionnage, dont les principales questions qui se posent sont les suivantes:
1- Comment une appelée connue pour ses connivences idéologiques avec des groupuscules radicaux antisionistes israéliens, dont l'engagement la met en porte à faux et l'oppose aux activités militaires israéliennes contre les Palestiniens, peut-elle circuler et servir dans le Bureau du Commandant de la Région centre qui est la plaque tournante et le centre nerveux des opérations de Tsahal en Judée et Samarie, et pas seulement face aux Palestiniens?
2- Le fait qu'Anat Kam ait réussi pendant deux années consécutives à copier une quantité aussi impressionnante de documents et à les graver sur CD indique que c'était la pagaille totale dans le Bureau du Commandant de la Région centre. Il est vrai qu'en 2005, alors qu'Anat Kam s'engageait dans son forfait, le Commandement de la Région centre et son général Yaïr Naveh, consacraient toutes leurs ressources et talents à exécuter de façon "élégante" l'expulsion des pionniers juifs des localités du Nord de la Samarie, œuvre maitresse du crépuscule de l'ère Sharon. On ne peut pas être partout à la fois, transformer les fidèles patriotes des implantations juives du Nord de Samarie en adversaires à expulser, et être en alerte aux éléments subversifs d'Israéliens fanatiques infiltrés au cœur même des centres de décision de l'appareil militaire.
3- Un élément plus qu'étrange est comment les Services de sécurité après deux mois de pourparlers avec Haaretz et son correspondant Ouri Blau ne sont arrivés à Anat Kam qu'en décembre 2009?
3- Un élément plus qu'étrange est comment les Services de sécurité après deux mois de pourparlers avec Haaretz et son correspondant Ouri Blau ne sont arrivés à Anat Kam qu'en décembre 2009?
4- Comment, après presqu'une année d'enquête, les Services de sécurité intérieure ne savent toujours pas où se trouvent les documents manquants?
5- La dernière question à ce stade qui sera suivie par beaucoup d'autres, est, comment le quotidien Haaretz a pu sans aucun problème publier des articles où des informations secrètes ont été divulguées sans être fermé ou écroué en justice jusqu'à ce jour?
5 commentaires:
Très bon article! Bravo!
Je trouve un tel fait plus inquiétant que le danger iranien car cela dénote un laissez-aller gravissime de la part de l'Etat-Major israélien et une tolérance incroyable et imbécile à l'égard de traîtres (la fille, le journaleux et Haaretz) qui mettent en danger la survie même de 5,5 millions des leurs.
En temps de guerre une telle absence de rigueur est la marque d'un désengagement moral dans la survie du pays.
La moindre des choses serait de faire des exemples pour faire réfléchir les candidats.
La faiblesse n'a jamais payé !
Si les soit disant religieux ne savent pas parler aux non religieux gauchistes c est qu ils ne sont pas juifs et ils vont donc detruire Israel.
Ils doivent etre massacres
Je note que sur 3 commentaires 2 sont anonymes.
Pour la santé mentale et la survie de votre blog je vous suggère :
1 De ne pas publier de messages
anonymes.
2 De ne pas laisser passer des
phrases telles que "Ils doivent
être massacrés".
Roland Koster
Roland Koster
Merci pour votre souci pour mon blog. Sachez cependant que je ne censure pas les réactions d'internautes même si elle sont désobligeantes à mon endroit et que leur langage me déplaise.
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